Ait Ahmed
L'un des pères de l'indépendance de l'Algérie, devenu opposant
intraitable au régime, va rejoindre pour l'éternité la terre qui a forgé
son âme de révolté dans le village fondé par un illustre aïeul,
poète et maître soufi.
Hocine Ait-Ahmed n'a pourtant que très peu vécu à Ait Ahmed, un petit
hameau qui porte le nom de la famille, situé à 160 km au sud-est
d'Alger, en haut d'une étroite vallée entouré de collines.
Au détour d'un virage, apparaît la coupole du mausolée qui abrite son
fondateur cheikh Mohand Lhoucine, un personnage encore révéré plus d'un
siècle après sa mort en 1901. Le mausolée où il est enterrée avec sa
soeur est un lieu de pèlerinage qui ne désemplit jamais.
Partout en Kabylie, on jure encore par Cheikh Mohand l'amusnaw
(philosophe, en berbère) qui éclairait par sa sagesse et son savoir
toute la région durant la seconde moitié du 19e siècle. Il enseignait
notamment que "la foi naïve triomphe toujours sur le calcul rusé".
De lui, "Hocine a hérité l'érudition et le sens intangible des
principes", commente Boussad, un membre de la famille qui recevait
vendredi les condoléances de centaines de personnes arrivant sur les
lieux, une semaine avant l'enterrement.
"C'est toute l'Algérie qui perd Hocine et pas uniquement sa famille",
répétait-il en souriant à tous les visiteurs, de tous âges et de tous
milieux.